Elle s’appelle Ève, sa mère c’est Ariane et sa grand-mère, Catherine. Trois femmes, trois approches différentes de la vie, et une relation étroite entre elles mais tellement chargée de non-dits, d’incompréhension. Pour lier le tout, une maison dans un petit village du Morvan, une maison et un jardin, laissé à l’abandon depuis le décès de l’aïeule.
Ève est une universitaire brillante, travailleuse certes mais tellement compétente, et sa raison de vivre est la perfection. Ses collègues l’admirent, la jalousent sans doute, ne la comprennent peut-être pas vraiment ; elle a une amie chère, une seule, depuis leurs études, et avec elle seulement Ève se laisse un peu aller. Pourtant, depuis quelques temps Ève ne se sent plus aussi performante, et ressent des douleurs physiques qu’elle ne s’explique pas, passagères mais très intenses, comme des coups de poignard qui la laisse pantelante, quasi absente d’elle-même. Elle ne se reconnaît plus ! Le jour où elle doit faire une conférence décisive pour sa carrière, un malaise foudroyant la terrasse et elle s’enfuit au vu et au su de tous les étudiants et collègues réunis pour l’écouter.
Ève mettra beaucoup de temps à accepter le diagnostic de dépression que lui assène son médecin. Elle finira, à la suite d’un très grave accident de voiture, par se réfugier dans la maison morvandelle de Catherine, sa grand-mère. Des jours, des semaines à vivre en ermite, à se terrer dans cette maison où peu à peu elle va se mettre à explorer les souvenirs de famille, à se laisser porter par les saisons, de cet hiver où la souffrance l’a anéantie jusqu’à l’été où tout revit. C’est le jardin qui renaît au sortir de l’hiver enneigé du Morvan qui va aider Ève à s’ouvrir de nouveau aux autres, petit à petit, lentement mais sûrement et cette immersion dans la nature pour l’universitaire citadine qu’elle était, va l’aider à se découvrir de nouveau vivante, autrement.
Marie Barthelet nous fait vivre un drame en quatre actes, où la psychologie des personnages s’accompagne d’une analyse très fine de leurs sentiments. De l’anéantissement professionnel de son héroïne jusqu’à son retour parmi les vivants, grâce à une écriture sensible, raffinée, précise où surgit quelque chose de Colette dans le foisonnement de ce jardin source de guérison, nous nous attachons vivement à cette histoire qui pourrait concerner nombre d’entre nous.