Le tableau du peintre juif

Stéphane Milhas a cinquante ans, il est au chômage depuis qu’il a dû déposer le bilan de son entreprise de transport. Sa femme, Irène, qui travaillait avec lui, a trouvé un emploi de vendeuse dans un magasin de vêtement. Pas une sinécure, mais au moins un salaire dans le foyer ! Le couple est dans une période de turbulence du fait de l’inaction prolongée de Stéphane. Un appel de ses oncle et tante lui apprend qu’il lui lègue un tableau, le tableau du peintre juif, qui est dans la famille depuis la deuxième guerre mondiale. Quel peintre juif ? Que représente ce tableau ? Pourquoi le grand-père l’avait-il dans sa chambre ?

Stéphane va alors découvrir le passé de ses grands-parents. Le grand-père appartenait à un réseau de résistance connu, et surtout hébergeait des juifs dans sa maison du sud ouest de la France, afin de leur permettre de passer en Espagne. Stéphane et Irène vont alors se rendre chez Etienne et Louise pour prendre possession du tableau. Le peintre juif était connu, avait une côte certaine, et déjà Irène se dit que le vendre pourrait remettre leur vie “à flot”. Mais Stéphane ne le voit pas ainsi : ce tableau pourrait donner à ses grands-parents la reconnaissance qui leur est due s’il entreprend de les faire reconnaître comme Justes parmi les nations.

Tandis qu’Irène se braque contre Stéphane en jugeant sa décision utopique et néfaste à leur couple, celui-ci entreprend des démarches qui le conduiront dans un premier temps jusqu’à Jérusalem ! C’est d’ailleurs dans une cellule de garde à vue de Tel Aviv que nous le découvrons au début du roman. Peu à peu la grande Histoire rejoint celle de Stéphane et l’auteur nous entraîne entre passé et présent sur les pas de Stéphane, qui se fait un devoir de retracer la vérité sur ce peintre juif et son oeuvre.

Un roman où rien n’est jamais définitif, où les étapes se succèdent de découverte en découverte menant le lecteur jusqu’aux arcanes des comportements de nos compatriotes au temps de l’occupation. D’Israël jusqu’en Espagne en passant par les Cévennes, Toulouse, et les montagnes espagnoles jusqu’à Madrid, nous nous questionnons, échafaudons des hypothèses qui ne se vérifient pas toutes, accompagnons le héros dans sa conquête d’une nouvelle vie digne et apaisée.

Benoit Séverac se révèle un formidable conteur, doublé d’un voyageur stimulant et d’un historien particulièrement éclairé. Une excellente enquête historique, un très bon moment de lecture.

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