L’épaisseur d’un cheveu

L’épaisseur d’un cheveu, une expression que nous employons souvent pour évoquer ce qui ne tient qu’à très peu ! Un rien et cela se serait produit ! Dans ce roman, cela s’est produit ! nous découvrons dès la première page qu’Étienne va tuer sa femme ! La messe est dite, me direz-vous, est-il besoin d’aller plus loin puisque nous connaissons la fin ? Bien sûr qu’il faut lire cette histoire de féminicide. La genèse de cette tragédie est terriblement captivante, à telle enseigne que l’on oublie au fil des pages qu’Etienne va tuer sa femme Vive.

Étienne et Vive sont mariés depuis dix ans et leur entente semble parfaite, leurs amis les citent en exemple. Ils forment un couple très assorti sûrement du fait de leurs personnalités si opposées. Étienne est correcteur dans une maison d’édition, il est posé, un tantinet tatillon, introverti, voire renfermé et Vive, que son prénom habille, travaille dans le monde de l’art, elle est fantasque, joyeuse. Tous deux font partie d’un groupe de parisiens férus d’art, de peinture notamment, qui vont à des vernissages, à des concerts. Et c’est à cause du refus de Vive de l’accompagner à leur traditionnel concert du mardi soir, refus totalement incompréhensible pour Étienne, que tout va basculer.

Claire Berest nous raconte la chronologie d’un féminicide, les trois jours qui précèderont l’acte, et elle alterne les réminiscences d’Étienne, la montée de ses récriminations, le roman qu’il se construit, les interrogatoires qui font suite au meurtre de Vive comme autant de tableaux pouvant expliquer la détérioration mentale d’Étienne. Tout le talent de Claire Berest consiste à reconstituer sous des angles différents l’évolution de la personnalité d’Étienne, et peu à peu le lecteur comprend que cette mort annoncée était inéluctable. Une remarquable analyse psychologique, une prouesse de construction romanesque, une fascinante étude de la folie meurtrière.

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